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CYBÈLE

cinq heures du soir venait d’amener aux Martigues.

Numa Honorat, presque constamment à la mer, tantôt en Extrême-Orient, où il avait tenu vaillamment sa place parmi les braves marins de l’amiral Courbet, tantôt en quelque station lointaine de nos établissements des Antilles ou de Madagascar, ne faisait plus que de rares et trop courtes apparitions dans sa famille. Or, cette fois, muni d’un plus long congé que d’habitude, il venait de rentrer en France à bord de la Revanche, après avoir échangé, à vingt-huit ans, le grade d’enseigne pour les triples galons de lieutenant.

Entre ceux qui s’empressaient ainsi autour de sa personne, venait d’abord la respectable madame Honorat, mère du jeune officier qui, appuyée sur l’épaule du marin, témoignait la joie de revoir son fils, comme font les mères, avec des yeux humides ; doux pleurs bientôt suivis de larmes, cette fois amères, au souvenir de son mari, souvenir subitement ranimé par la présence de ce portrait tout vivant de feu le commandant Honorat, tué en 1871 au fort de Vanves par un obus prussien.

C’était ensuite une charmante jeune fille, la propre sœur de Numa, qui s’attachait radieuse de plaisir à l’autre bras de l’officier, lequel soutenant ainsi les deux femmes, répondait tout souriant aux questions pressées de son ami d’enfance, Marius