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CYBÈLE

Il était décidément temps de chercher à se reconnaître. Le pauvre garçon essaya de regarder autour de lui, ce qu’il n’avait pas osé faire encore. La première chose qui frappa ses regards en relevant la tête, ce fut, à quelque distance en avant, le plus étonnant paysage qu’on pût imaginer, paysage où une curieuse distribution de la lumière séparait dans le même moment une contrée baignée de jour, d’un vaste espace resté dans l’ombre ou plutôt faiblement illuminé par une sorte de clair de lune. D’où il était, Marius voyait la plus magnifique succession de hautes montagnes aux cimes tourmentées et de vallées profondes finissant par se perdre à l’horizon, et cet horizon se découpait sur un ciel presque noir dans une ligne nette et bien tranchée.

C’était le pays lunaire que Marius avait en ce moment devant lui c’était bien la lune qui s’était, paraît-il, mise complaisamment sur son passage depuis qu’il voyageait lui-même d’une si extraordinaire façon. Peut-être devait-il voir se terminer là cette course insensée. S’il en advenait ainsi, qu’allait-il donc devenir dans un pays si différent du sien ? C’était le cas pour notre ami de se remémorer toutes ses connaissances acquises, toutes ses lectures concernant le séjour des Sélénites. Il allait donc pouvoir contrôler les dires merveilleux des voyageurs qui l’avaient précédé dans cette contrée