Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
CYBÈLE

agonie n’était pas désirable. Il valait mieux que cela finît au plus vite. Et pourtant elle ne venait pas, cette mort. Les instants succédaient aux instants, et il tombait, tombait toujours, le visage en avant, ayant de nouveau sous les yeux l’étoile diabolique, sans que, du reste, il se sentit autrement incommodé.

En une telle extrémité la longueur même du temps qui s’écoulait ramena le calme et la détente dans son esprit. Il se raisonna et se dit à part lui : Mon pauvre Marius, si tu es encore de ce monde, c’est qu’il y a ici quelque chose de surnaturel que tu ne comprends pas.

Bientôt même, la vertigineuse secousse du commencement de la chute se transforma peu à peu en cette suave sensation que doit éprouver l’oiseau qui fend l’air en allant à son but. Après avoir compté les instants, ce furent de longs quarts d’heure qui lui parurent se succéder. Même qu’à la fin cela devenait monotone. Marius tout à fait rasséréné en vint, pour tuer le temps, à se remémorer des histoires de circonstance, notamment celle de ce sauteur prodigieux dont il avait entendu parler à Marseille, ce sauteur qui bondissait si haut et restait si longtemps en l’air qu’il s’y ennuyait. Et, de fait, lui aussi commençait déjà à s’ennuyer. Si seulement il eût connu le terme de ce fantastique voyage !