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CYBÈLE

Et la bonne Martine toute troublée avait déjà les larmes aux yeux.

Cependant notre ami se remettait peu à peu, tournait curieusement sa tête de droite et de gauche, arrêtait son regard tantôt sur les fleurs et les arbustes qui l’entouraient tout humides de la posée nocturne, tantôt sur les murs de la maison silencieuse, puis sur le ciel pur où quelques vapeurs légères que dorait le soleil levant, promettaient une chaude et splendide journée d’été.

— C’est pourtant vrai, tout cela n’était qu’un songe et le songe d’une seule nuit Junie, Alcor, Namo… Gemma, Cybèle, la Nouvelle-France, le déluge, comment se peut-il que tant de choses, tant d’aventures étranges qui me sont encore si présentes, aient pu tenir en quelques heures seulement !

Puis comme inondé d’une félicité soudaine : Jeanne ! où est Jeanne ? Il faut que je la voie, que je lui parle sur-le-champ.

— Y pensez-vous, Monsieur Marius ? À cinq heures du matin ! Mademoiselle n’est pas encore levée.

Il resta un moment comme en extase, contemplant de loin la petite fenêtre close de la demeure voisine où reposait en ce moment sa Jeanne bien-aimée, puis se dressant brusquement :

— Chère Martine, s’écria-t-il en embrassant