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CYBÈLE

descend dans ce jardin qui lui rappelle celui d’autrefois, et dans le grand silence de minuit, en même temps que son regard, il élève toute son âme vers la céleste immensité où parmi tant de constellations resplendissantes, il lui semble n’en voir qu’une seule, cette fatidique Couronne où trône Gemma, la perle, la reine, le soleil de sa patrie et de son indéracinable amour… Mais, qu’est cela ? Quels sons, quels soupirs mélodieux arrivent à son oreille ? Ah ! il les connaît bien ces notes à peine distinctes qui tombent discrètement de fenêtres demi-closes où, paraît-il, on veille comme lui :


Mon cœur ne peut changer,
Souviens-toi que je t’aime !


— Jeanne ! Jeanne ! Adieu ! Adieu !

Il veut s’éloigner, fuir ces accords qui dans ce moment, en une telle extrémité, lui broient le cœur ; mais l’émotion le suffoque et l’anéantit. Sa tête se trouble, ses yeux se voilent, ses jambes fléchissent et il perd enfin le sentiment…


Rêvait-il, ou ses sens maintenant ranimés percevaient-ils réellement des bruits terribles ? Qu’était alors ce mugissement effroyable qui déchirait les airs et apportait une terreur nouvelle dans son âme redevenue consciente ? Il n’y avait pas à s’y