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CYBÈLE

L’impression involontaire qu’on subit toujours en présence d’une grande assemblée, ne serait qu’un faible indice de celle qui s’imposait au milieu de cette foule immense qui, au lieu d’un confus amas ne donnant qu’une sensation vague, présentait des groupements distincts par conditions et par âge d’où rayonnait, telle qu’une sorte de magnétisme et avec une intensité extraordinaire, l’impression qui est propre à chacun de ces états particuliers de la vie. Et ces expressions si diverses où s’ajoutaient les effets d’ensemble d’une stratégie étrange dans la disposition des groupes, peu à peu s’harmonisaient entre elles, se fusionnaient et produisaient un tout synthétique dépassant de beaucoup ce que l’âme la mieux douée peut concevoir de grand et de surhumain. On se sentait comme en présence d’un ordre de vie plus élevé ; il se dégageait de cette sorte de supérieure édification vitale, une atmosphère d’émotion, de hauteur de pensées qui transportait les âmes et étreignait les cœurs.

Marius subissait plus que personne cette influence si nouvelle pour lui de l’art d’agencer les diverses phases de la vie, comme le musicien combine les sons, et le peintre dispose les couleurs. Mais où il fut pris d’un indicible saisissement, ce fut, lorsque à un signal de l’ordonnateur, toute cette foule mue comme par un seul ressort et l’entraînant lui-même