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CYBÈLE

mélancolie du visiteur dominé par la pensée du néant des choses humaines. De l’antique sépulture des générations parisiennes, c’était le sépulcre de Paris même qu’on avait à contempler en cette eau dormante tachée par places de glauques reflets, spectacle lugubre et attristant au-delà de toute expression pour un Français de l’époque tel qu’était Marius qui avait l’esprit encore plein de ses juvéniles souvenirs d’étudiant.

Sur l’îlot déjà remarqué se dressait un obélisque de bronze, véritable monument funéraire où nos visiteurs, avant de quitter ces tristes lieux, allèrent lire cette laconique inscription « Ici fut Paris. »

La date fixée pour le retour approchait. Le temps manquait pour aller constater que de la Belgique de jadis il ne restait que la contrée ardennaise. C’était par l’anéantissement de ses riches plaines de l’ouest qu’était d’abord entré le deuil dans la vieille famille gauloise. L’antique vaillance de ses libres et industrieuses cités si longtemps prospères, avait été impuissante contre le liquide et implacable élément. Il n’y avait pas bien longtemps toutefois que ce qui avait été durant des siècles la merveille architecturale de l’Europe, le palais altier mais resté un peu humilié d’avoir à ses débuts abrité la chicane, avait cessé d’élever au-dessus des flots