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CYBÈLE

d’un sol sablonneux. Puis on atteignit une nouvelle côte basse et une terre assez étendue et mouvementée où l’on s’avança jusqu’à de légères éminences boisées contournant une sorte de grand marécage d’où émergeait un tout petit îlot broussailleux. Ce marécage c’était Paris, et cet îlot la butte Montmartre. La Seine même n’existait plus depuis que le changement des niveaux avait bouleversé le régime fluvial.

De cette reine des capitales, de ce foyer génial de l’antique civilisation européenne, de ce Paris orgueilleux qui, les pieds dans la boue, n’en élevait pas moins sa tête au-dessus des nues, résumant à lui seul l’humanité depuis ses bas-fonds jusqu’à ses plus radieux sommets de la ville adorée et encensée par les ennemis mêmes de la France, voilà tout ce qui restait à cette heure des abords déserts et l’eau stagnante d’un marais, en attendant la venue prochaine des eaux de l’océan, exacte répétition d’ailleurs de ce qui avait déjà eu lieu plusieurs fois dans de semblables périodes antérieures. Une sorte de forteresse bâtie sur une petite élévation qui porta dans un temps le nom de Père-Lachaise était pourvue de tout l’agencement ordinaire des stations aérostatiques, ainsi que d’une hôtellerie. De là on pouvait embrasser du regard un espace assez considérable dont le morne aspect ajoutait encore à la