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CYBÈLE

siècles avaient contemplé et admiré la reine de l’Adriatique.

Quant à l’Italie centrale et méridionale que les voyageurs laissaient derrière eux, elle n’était que fort peu entamée sur quelques points de ses côtes. Mais que de changements depuis le temps de notre ami Marius ! À commencer par l’antique capitale du monde romain et du monde chrétien, qui longtemps sembla mériter le surnom de Ville éternelle, de la Rome des empereurs, la Rome papale, la Rome renouvelée et toujours digne d’elle-même et du grand peuple latin dont elle fut durant tant de siècles encore la splendide capitale, il ne restait depuis longtemps que des reliques et des documents épars dans les musées. Naples, Florence avaient eu le même sort et Gènes, la vieille ennemie de Venise, dormait aussi du sommeil de la mort comme sa rivale sous un liquide linceul.

On devine que le cœur de Marius battit bien fort lorsqu’il se vit côtoyant cette fois le littoral de sa Provence. Il va sans dire que Marseille, l’ancienne capitale des deux Frances après Paris, avait été comptée parmi les principales stations d’arrêt de ce voyage, et c’était donc vers Marseille que l’Espérance gouvernait maintenant, tandis que Marius ne quittait pas des yeux le profil irrégulier de la côte au-delà de laquelle s’élevait la chaîne rocheuse des