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CYBÈLE

il fallait se hâter si l’on voûtait être de retour dans le court délai qu’on s’était accordé, et l’Espérance, navigant même la nuit continua en droite ligne jusqu’aux montagnes de l’Arménie, pays où une race arienne intelligente et forte s’était perpétuée et avait constitué des États d’une civilisation supérieure, qui ne le cédaient en rien aux sociétés d’origine européenne.

La navigation de nuit était sans inconvénient sauf le danger d’un abordage possible avec quelque autre aéronef, mais les puissants fanaux dont ils étaient munis et dont la vive lumière perçait les plus épais nuages, paraient aisément à ce danger. Ce fut aux premiers feux du jour que Marius et Namo réveillés par le professeur qui dès l’aurore se tenait en observation, vinrent admirer le spectacle grandiose des chaînes de montagnes, des vallées, des rivières et des vertes plaines arméniennes. Il ne s’agissait pas de pousser ainsi jusqu’à la mer Noire ou au Caucase ; pourtant avant de virer de bord à l’ouest, Alcor avait pensé de proposer à ses compagnons d’aller, dans la journée, visiter le mont Ararat, lieu d’assombrissante mémoire il est vrai, dans les circonstances actuelles, mais qui méritait bien un pieux pèlerinage de la part d’hommes courageux comme ils l’étaient et ne craignant pas d’envisager en face tout ce qui rappelait le péril prochain et inévitable.