Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
CYBÈLE

ce qui, en obliquant sensiblement, ramenait l’aéronef vers le littoral tout en gagnant du chemin. La mer ne tarda pas à se montrer de nouveau, mais ce n’était pas tout à fait celle de la veille. La plaine liquide qui brillait sous les feux du jour, n’était encore qu’un golfe intérieur qui bien avant la montée du niveau des mers, avait eu pour origine un travail humain et avait autrefois transformé le climat et l’habitabilité de cette aride région de l’Afrique française. C’était la réalisation de l’audacieux projet longtemps regardé comme chimérique d’un modeste pionnier de la civilisation dont le nom avait survécu par l’appellation même de cette étendue d’eau salée qu’on continuait de nommer la mer Roudaire.

Dans l’après-midi, l’Espérance planait sur une très grande ville qui s’élevait à peu près aux lieux où vécurent jadis Tunis et Carthage, presque sur le même emplacement qu’occupait l’antique cité de la belle reine Didon. Dans de moindres proportions, la nouvelle Carthage, avec son port considérable creusé de main d’homme et ses monuments grandioses, rappelait Alger lui-même. Mais les explorateurs ne s’arrêtèrent point. Ils avaient résolu de suivre la même marche qui devait leur permettre de gagner la Sicile le soir même et d’aborder pour la nuit, puisque rien pour l’instant n’obligeait à voyager de