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CYBÈLE

naient, avons-nous dit, d’habitations et même de villes populeuses qu’entouraient de hautes murailles élevées en hâte pour soutenir au besoin un suprême assaut si les vagues diluviennes parvenaient jusqu’à ces hauteurs. L’affolement commençait aussi à s’emparer des esprits. De tous côtés se répandaient les bruits les plus étranges, surgissaient les idées les plus insensées ; au point que l’on vit émettre le projet d’échapper à l’implacable sort par un suicide grandiose, titanique, celui de la planète elle-même que quelques puits bourrés de nihilite feraient voler en poussière dans l’espace. Et telle était l’exaspération générale, que ce projet gagnait chaque jour de nouveaux partisans. Ces insensés ne craignaient pas d’évoquer l’exemple héroïque de cette autre planète brisée qui se fit sauter peut-être en semblable occurrence et dont les astronomes comptent aujourd’hui un à un les débris épars entre les orbites de Mars et de Jupiter. Mais le plus grand nombre s’en tenait à une courageuse résignation, et mettait son dernier et plus raisonnable espoir dans l’emploi de ces nefs aériennes dont l’usage était si répandu. Au dernier moment, il serait toujours temps de se lancer, en aéronefs en emportant tout ce qui serait possible pour affronter un long séjour dans les airs, jusqu’à ce qu’on pût atterrir sains et saufs aux lieux que le cataclysme laisserait définitivement à découvert.