Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
CYBÈLE

cieux tenait à commencer par le commencement. Il rappelait les hautaines prétentions de l’Allemagne se croyant sûre de l’avenir ; l’effacement des autres États qui subissaient un ascendant irrésistible, ou bien se faisaient d’eux-mêmes les humbles satellites de la première puissance militaire de l’Europe ; l’isolement de la France qui se taisait mais se recueillait, qui travaillait, se ressaisissait et reconstituait ses forces. Ce peuple que Bismarck avait cru écraser et ruiner sans remède se relevait bientôt plus énergique et plus redoutable que jamais. Après avoir été accablé par le nombre et l’armement supérieur, il réorganisait une armée qui, elle aussi, avait à présent le nombre et un armement formidable. Et cette armée, ce n’était pas seulement sa force et sa sécurité, c’était encore davantage. En ce temps de commotion profonde où l’on avait vu remonter des bas-fonds une vase impure qui troublait la société jusque dans ses sommets, et en attendant que ces boues redescendissent dans leurs cloaques, une chose se maintenait intacte, c’était l’armée française, école de devoir, de patriotisme, de discipline, d’abnégation ; l’armée que n’atteignaient pas ces souillures et qui au-dedans réservait l’avenir, en même temps qu’elle garantissait le présent contre n’importe quel ennemi du dehors. Et c’était à Bismarck à craindre à son tour.