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CYBÈLE

selon ses aptitudes natives dans la société perfectionnée de ses rêves, il était de même guidé par le sentiment profond de la mutualité sociale et de l’organisation collective inclinées par l’attraction passionnelle et ne devant faire de tous les membres d’une communauté qu’un tout harmonique et solidaire, mais sa grande imagination l’égarait sans doute quand il formulait sa célèbre théorie des Quatre mouvements, laquelle donnait exactement quatre-vingt mille années d’existence à l’humanité, dont six mille ans de luttes et de peines pour son premier âge ; soixante-dix mille ans d’unité sociale et de bonheur pour sa jeunesse et son âge viril ; enfin quatre mille années de décadence pour la dernière phase des destinées humaines. Et encore y avait-il là l’idée dominante de la solidarité étendue jusqu’à la conception d’une humanité considérée comme un être unique traversant, tel que tout ce qui vit, les diverses périodes naturelles de la croissance, de l’état adulte, de la maturité et du dépérissement final.

Trop longtemps avait duré la funeste contagion des idées anglaises en politique. On avait laissé l’Angleterre rester un faisceau d’âpres et égoïstes individualités se souffrant entre elles du mieux possible, et l’on avait enfin formé ces sociétés parfaites dont les rouages pondérés et infaillibles étaient souvent au--