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CYBÈLE

maux ne tardèrent pas à se donner carrière et à reprendre des caractères tout différents de ceux que leur avait imposés depuis quantité de siècles la culture méthodique. Ceux qui étaient admis à en franchir l’enclos, en rapportaient une impression extraordinaire, comme un rajeunissement de pensées, un ressouvenir de sentiments qui retrempaient l’esprit et le cœur aux sources délaissées de la vie primitive. De sorte que ces ultra-civilisés, après avoir épuisé toutes les formes de l’art, n’avaient pu rencontrer de nouvelles beautés, réveiller des sensations neuves et profondes, qu’en revenant au point de départ, en découvrant la simple nature. C’est qu’on l’avait laissée si en arrière, cette nature primitive, qu’on l’avait tout à fait oubliée. Il n’y avait pas d’espèce végétale ou animale qui n’eût été transplantée partout où elle pouvait rencontrer des conditions viables, et ne se trouvât profondément modifiée par des variétés bizarres et innombrables qui de tous côtés faisaient l’étonnement de Marius et bouleversaient toutes ses connaissances en histoire naturelle. Les produits de la culture avaient plus que décuplé dans Cybèle depuis les temps arriérés qui étaient encore ceux de la terre. On savait utiliser et diriger tous les éléments naturels, soit en répandant l’humidité ou la chaleur partout où elle était nécessaire, soit en maîtrisant des