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CYBÈLE

heureusement quelques-uns de sensés et de patriotes pour les simples braves gens que tout cela écœure.

— Si vous aviez différé votre visite seulement d’un demi-siècle, observa l’un des plus savants historiens de l’assistance, vous sauriez que bien des questions obscures devaient trouver une solution claire. Après avoir vu l’effondrement politique du Tiers État, d’une bourgeoisie bien vite devenue égoïste, corrompue, exclusive et esclave de l’argent, vous auriez assisté à l’avènement d’un quatrième état plus fidèle aux grands principes de 89, parce que ses vues embrassaient la nation tout entière et pour cela même devaient réaliser une plus équitable justice sociale. Néanmoins la droiture et le patriotisme n’ont jamais été si méconnus qu’il vous plaît à dire, jeune homme, et votre temps, si affaissé qu’il fût, sut apprécier et honorer ses grands citoyens, les Hugo, les Gambetta, âmes des plus nobles, cœurs des plus hauts qu’ait connus la France.

— Et ces grands hommes n’auront pas en vain fait appel à nos sentiments et à nos courages, j’en suis assuré, répliqua vivement Marius. Déjà des symptômes certains de notre prochain relèvement apparaissent de tous côtés. Des voix se font entendre qu’on s’était trop déshabitué d’écouter. La génération qui arrive vaudra mieux que son aînée.