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CYBÈLE

C’était, tu t’en souviens, à Alger ; nous allions et venions sur la place du Gouvernement en respirant la fraîcheur du soir. Je voulais te dissuader, mais aucune de mes raisons ne trouvait grâce devant ta foi ardente dans le succès.

— Le pôle nord ? On ne va pas au pôle nord. Auparavant je croyais comme d’autres à une mer libre pouvant exister au-delà d’une certaine ceinture de glaces pendant l’été polaire qui n’est qu’un jour de six mois durant lequel le soleil ne quitte pas l’horizon. Mais, à présent que je sais à quoi m’en tenir, je suis revenu de cette utopie.

— Ah ! voilà que tu m’intrigues de nouveau. Ce n’est pas, je le suppose, que l’insuccès des vaillants marins anglais de l’Alert et de la Discovery qui se sont heurtés à des remparts de glaces infranchissables, ni les infortunes des braves américains de la Jeannette aient découragé un intrépide tel que toi. Tu dois avoir de plus invincibles raisons.

Numa, très grave, se recueillit un moment et sembla hésiter à répondre, mais devant le regard interrogateur de M. Honorat qui avait toujours tremblé à la pensée de ce projet auquel son fils renonçait maintenant, il se décida et reprit :

— Puisque tu veux connaître la raison pour laquelle le pôle nord est inaccessible et le deviendra de plus en plus, tu sauras que c’est une question