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CYBÈLE

sa tête. À cette pensée, un élan irrésistible lui fit lever et tendre les bras vers ce point perdu dans l’immensité, de gros soupirs gonflèrent sa poitrine, enfin il tomba à deux genoux, les mains toujours tendues vers l’astre qui retenait son bonheur, sa vie, son tout, en appelant sa Jeanne, l’insensé, comme si elle eût pu le voir ou l’entendre.

Cela n’avait pas le sens commun, c’était évident. Et pourtant n’était-ce pas quelque chose que d’avoir devant les yeux la place même où vivait l’objet de son culte, et de lui adresser ses plus intimes aspirations, si impuissantes qu’elles pussent être ? C’était évidemment quelque chose puisque cet épanchement le soulagea comme la prière soulage et rassérène l’âme des dévots. Aussi, devait-il lui arriver souvent dans la suite, aux heures d’abattement, de revenir au même endroit attendre que parussent les premières lueurs de sa Gemma pour lui faire ses dévotions comme un vrai païen. Une ou deux fois même il fut surpris dans cette attitude par la brave Mirta qui était toujours un peu partout dans la maison, ce qui ne manqua pas de faire répéter, à la chère femme « Quel singulier jeune homme, mais quel singulier jeune homme ! »

Le lendemain, un calme relatif lui était donc revenu. Il s’était raisonné de nouveau, et puisqu’il n’en était plus à devoir s’étonner des étrangetés