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CYBÈLE

naturaliste ne cesse pas d’être un monothéisme absolu. Des deux principes éternels : l’immatériel seul intelligent, voulant et actif ; et le substantiel qui n’est que passif et réagissant, la premier seul est Dieu.

Ha ! vous venez de prononcer un mot qui fait quelque bruit en ce moment chez nous. Mais votre naturalisme n’est pas, je m’en doute bien, le même que celui de notre école naturaliste.

— Je crois en effet me souvenir de quelque chose ayant porté ce nom-là dans un moment de décadence où en réaction contre l’idéal ancien, la dite école se fit un art de ne peindre et décrire que les seules souillures et laideurs de la société, art morbide et stérile d’impuissants et de dévoyés qui ne parut briller un moment que parce qu’il y avait éclipse de l’art vrai et de l’idée. Mais rassurez-vous, mon cher Marius, ce mot de naturalisme qui vous a offusqué, reprendra bientôt pour vos contemporains sa haute et noble acception de culte de la grande nature, avec tous les élans d’idéal que seule cette nature peut inspirer.

Tandis que discouraient ainsi les deux amis, la nuit était venue sans que Marius s’en aperçût, tant était vive la clarté, que tel qu’un autre astre céleste, répandait dans toute la ville le globe lumineux qui maintenant resplendissait à la pointe extrême de