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CYBÈLE

Autrefois, au temps de leurs premières études au lycée de Marseille, et plus tard au milieu des causeries de leurs trop courtes rencontres, l’un commençant sa carrière nautique à Toulon tandis que l’autre faisait son droit à Paris, Marius avait pu apprécier tout ce qu’il y avait d’attachant et de bizarre dans les idées habituelles de son ami. Avec lui ce n’était pas comme avec tant d’autres dont le fond est bientôt connu et touché du doigt. Avec Numa l’on quittait les banalités ordinaires de la vie courante et l’on partait au loin vers des horizons toujours nouveaux remplis de surprises et d’inattendu. Quand il faisait tant que d’enfourcher le coursier de son imagination il n’y avait alors qu’à le laisser aller et se laisser conduire, et c’est ce que faisait Marius dont l’esprit, plus discipliné par tradition professionnelle, ne partageait que faiblement les enthousiasmes de son ami, mais prenait toujours un vif plaisir à se laisser entraîner à sa suite.

Cette orientation vagabonde de sa pensée, peut-être Numa l’avait-il prise dès ses jeunes années de collège sous l’influence des digressions fantaisistes auxquelles se livrait volontiers, pendant ou en dehors de ses cours, M. Coral, celui de tous les professeurs du lycée qui, par conformité de tendances naturelles sans doute entre le maître et l’élève, avait ses plus réelles sympathies. À cet âge