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CYBÈLE

vous voyez, sont insuffisants pour contenir un peuple qui voudrait à ces moments-là ne faire qu’un corps et qu’une âme.

Alcor apprit encore à son compagnon que l’antique usage des cloches avait fait place dans le Grand-Temple à des sortes de harpes colossales faites de cordes géantes de fin métal, harpes dont les harmonieux appels s’entendaient à plusieurs lieues de distance et produisaient les plus mélodieux concerts. Puis, qu’en outre de cette musique céleste, les sphinx monstrueux qu’il voyait vers les sommets de l’édifice, possédaient un don bien étrange pour des sphinx, le don même de la parole, et d’une parole aux sons extraordinaires distinctement articulée et capables de porter leurs voix de tonnerre jusqu’au-delà des dernières extrémités de la ville. Mais ce n’était que dans de rares circonstances que l’on mettait en jeu ce merveilleux mécanisme. Les quatre grandes fêtes de l’année correspondant aux saisons, et parfois l’annonce exceptionnelle de quelque grand événement, avaient seuls le privilège de mettre en branle et de déchaîner le souffle tempétueux qui portait au loin le grondement de ces voix formidables.

Tout ceci me montre, mon cher Alcor, que la religion n’a pas cessé d’être en honneur parmi les hommes, et qu’elle n’a donc pas été tuée par les