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qu’il alloit sortir de luy-mesme. Les gardes étoient muets à ce spectacle, qui les faisait tous frémir de respect et d’horreur. »




Cependant tout était calme le 12 du même mois de septembre 1642 dans la ville de Lyon, lorsque, au grand étonnement de ses habitants, on vit arriver dès le point du jour, par toutes ses portes, des troupes d’infanterie et de cavalerie que l’on savait campées et cantonnées fort loin de là. Les Gardes françaises et suisses, les régiments de Pompadour, les Gens d’armes de Maurevert et les Carabins de La Roque, tous défilèrent en silence ; la cavalerie, portant le mousquet appuyé sur le pommeau de la selle, vint se ranger autour du château de Pierre-Encise ; l’infanterie forma la haie sur les bords de la Saône, depuis la porte du fort jusqu’à la place des Terreaux. C’était le lieu ordinaire des exécutions.

Quatre compagnies des bourgeois de Lyon, que l’on appelle Pennonnage, faisant environ onze ou douze cents hommes, « furent rangées, dit le journal de Montrésor, au milieu de la place des Terreaux, en sorte qu’elles enfermoient un espace d’environ quatre-vingts pas de chaque côté, dans lequel on ne laissoit entrer personne, sinon ceux qui étoient nécessaires.

« Au milieu de cet espace fut dressé un échafaud de sept pieds de haut et environ neuf pieds en quarré, au milieu duquel, un peu plus sur le devant, s’élevoit un poteau de la hauteur de trois pieds ou environ, devant lequel on coucha un bloc de la hauteur d’un demi-pied, si que la principale façade ou le devant de l’échafaud regardoit vers la boucherie des Terreaux, du côté de la