Les larmes du maréchal troublaient la glace du large médaillon, et il les effaçait par de respectueux baisers, quand sa porte ouverte brusquement le fit sauter sur son épée.
— Qui va là ? cria-t-il dans sa surprise. Elle fut bien plus grande quand il reconnut M. de Launay, qui, le chapeau à la main, s’avança jusqu’à lui, et lui dit avec embarras :
— Monsieur le maréchal, c’est le cœur navré de douleur que je me vois forcé de vous dire que le roi m’a commandé de vous arrêter. Un carrosse vous attend à la grille avec trente mousquetaires de M. le Cardinal-duc.
Bassompierre ne s’était point levé, et avait encore le médaillon dans la main gauche et l’épée dans l’autre main ; il la tendit dédaigneusement à cet homme, et lui dit :
— Monsieur, je sais que j’ai vécu trop longtemps, et c’est à quoi je pensais ; c’est au nom de ce grand Henry que je remets paisiblement cette épée à son fils. Suivez-moi.
Il accompagna ces mots d’un regard si ferme, que de Launay fut atterré et le suivit en baissant la tête, comme si lui-même eût été arrêté par le noble vieillard, qui, saisissant un flambeau, sortit de la cour et trouva toutes les portes ouvertes par des gardes à cheval, qui avaient effrayé les gens du château, au nom du roi, et ordonné le silence. Le carrosse était préparé et partit rapidement, suivi de beaucoup de chevaux. Le maréchal, assis à côté de M. de Launay, commençait à s’endormir, bercé par le mouvement de la voiture, lorsqu’une voix forte cria au cocher : Arrête ! et, comme il poursuivait, un coup de pistolet partit… Les chevaux s’arrêtèrent. — Je déclare, monsieur, que ceci se fait sans ma participation, dit Bassompierre. Puis, mettant la tête à la portière, il