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Mais le lendemain il a repris courage et m’a envoyé celle-ci à moi-même[1] et une troisième pour le Roi.

Son projet l’étouffait, il n’a pas pu le garder. Mais on ne m’apaise pas à si peu de frais, il me faut une confession détaillée, ou bien je le chasserai du royaume. Je le lui ai fait écrire ce matin[2].

Quant au magnifique et puissant duc de Bouillon, seigneur souverain de Sedan et général en chef des armées d’Italie, il vient d’être saisi par ses officiers au milieu de ses soldats, et s’était caché dans une botte de paille. Il reste donc encore seulement mes deux jeunes voisins.

    deux fois auprès de Son Éminence. Je vous jure que ce sera la dernière fois que je vous donnerai de pareils employs.

    « Gaston d’Orleans. »

  1. À Son Excellence le Cardinal-Duc.

    « Mon Cousin,

    « Ce mesconnoissant M. le Grand est homme du monde le plus coupable de vous avoir déplu ; les grâces qu’il recevoit de Sa Majesté m’ont toujours fait garder de lui et de tous ses artifices ; mais c’est pour vous, mon Cousin, que je conserve mon estime et mon amitié tout entière… Je suis touché d’un véritable repentir d’avoir encore manqué à la fidélité que je dois au Roy, monseigneur, et je prends Dieu à témoin de la sincérité avec laquelle je serai toute ma vie le plus fidèle de vos amis, et avec la mesme passion que je suis,

    « Mon Cousin,
    « Votre affectionné Cousin,

    « Gaston. »
  2. Réponse du Cardinal.

    « Monsieur,

    « Puisque Dieu veut que les hommes aient recours à une ingénue et entière confession pour être absous de leurs fautes en ce monde, je vous enseigne le chemin que vous devez tenir pour vous tirer de peine. Votre Altesse a bien commencé, c’est à elle d’achever. C’est tout, ce que je puis vous dire. »