l’élan d’un cœur aveuglément dévoué ; je m’applaudis de mes erreurs si elles tournent à votre gloire, je ne vois que votre bonheur dans ma faute. Pardonnez-moi un moment de retour vers les idées habituelles de toute ma vie.
Cinq-Mars le regardait fixement, et une larme coulait lentement sur sa joue.
— Vertueux ami, dit-il, puisse votre faute ne retomber que sur ma tête ! Mais espérons que Dieu, qui pardonne à ceux qui aiment, sera pour nous ; car nous sommes criminels : moi par amour, et vous par amitié.
Mais tout à coup, regardant, la montre, il prit le long pistolet dans ses mains, et considéra la mèche fumante d’un air farouche. Ses longs cheveux tombaient sur son visage comme la crinière d’un jeune lion.
— Ne te consume pas, s’écria-t-il, brûle lentement ! Tu vas allumer un incendie que toutes les vagues de l’Océan ne sauraient éteindre ; la flamme va bientôt éclairer la moitié d’un monde, il se peut qu’elle aille jusqu’au bois des trônes. Brûle lentement, flamme précieuse, les vents qui t’agiteront sont violents et redoutables : l’amour et la haine. Conserve-toi, ton explosion va retentir au loin, et trouvera des échos dans la chaumière du pauvre et dans le palais du roi. Brûle, brûle, flamme chétive, tu es pour moi le sceptre et la foudre.
De Thou, tenant toujours la petite croix d’ivoire, disait à voix basse :
— Seigneur, pardonnez-nous le sang qui sera versé ; nous combattrons le méchant et l’impie !
Puis, élevant la voix :
— Mon ami, la cause de la vertu triomphera, dit-il, elle triomphera seule. C’est Dieu qui a permis que le traité coupable ne nous parvint pas : ce qui faisait le crime est anéanti sans doute ; nous combattrons sans