genoux aux pieds de la Reine, Marie versa à son tour sur le sein de cette bonne princesse un déluge de pleurs avec des sanglots enfantins et des mouvements si violents dans sa tête et ses belles épaules, qu’il semblait que son cœur dût se briser. La Reine attendit longtemps la fin de ce premier mouvement en la berçant dans ses bras comme pour apaiser sa douleur, et répétant souvent : — Ma fille, allons, ma fille, ne t’afflige pas ainsi !
— Ah ! madame, s’écria-t-elle, je suis bien coupable envers vous ; mais je n’ai pas compté sur ce cœur-là ! J’ai eu bien tort, j’en serai peut-être bien punie ! Mais, hélas ! comment aurais-je osé vous parler, madame ? Ce n’était pas d’ouvrir mon âme qui m’était difficile ; c’était de vous avouer que j’avais besoin d’y faire lire.
La Reine réfléchit un moment, comme pour rentrer en elle-même, en mettant son doigt sur ses lèvres.
— Vous avez raison, reprit-elle ensuite, vous avez bien raison, Marie, c’est toujours le premier mot qu’il est difficile de nous dire, et cela nous perd souvent : mais il le faut, et, sans cette étiquette, on serait bien près de manquer de dignité. Ah ! qu’il est difficile de régner ! Aujourd’hui, voilà que je veux descendre dans votre cœur, et j’arrive trop tard pour vous faire du bien.
Marie de Mantoue baissa la tête sans répondre.
— Faut-il vous encourager à parler ? reprit la Reine ; faut-il vous rappeler que je vous ai presque adoptée comme ma fille aînée ; qu’après avoir cherché à vous faire épouser le frère du Roi je vous préparais le trône de Pologne ? faut-il plus, Marie ? Oui, il faut plus ; je le ferai pour toi : si ensuite tu ne me fais pas connaître tout ton cœur, je t’ai mal jugée. Ouvre de ta main cette cassette d’or : voici la clef ; ouvre-la hardiment, ne tremble pas comme moi.
La duchesse de Mantoue obéit en hésitant, et vit dans