tyrannique ! Ce ne peut être qu’un ami du Cardinal de la Rochelle[1].
— C’est quelqu’un qui ne craint pas les amis du petit le Grand, s’écria une voix à la portière ouverte, d’où un homme s’élança sur un cheval.
— Rangez ces Cardinalistes jusque dans la rivière ! dit une voix aigre et perçante.
Ce fut le signal des coups de pistolet qui s’échangèrent avec fureur de chaque côté, et qui prêtèrent une lumière à cette scène tumultueuse et sombre ; le cliquetis des épées et le piétinement des chevaux n’empêchaient pas de distinguer les cris, d’un côté : À bas le ministre ! vive le roi ! vive Monsieur et monsieur le Grand ! à bas les bas rouges ! de l’autre : Vive Son Éminence ! vive le grand Cardinal ! mort aux factieux ! vive le Roi ! car le nom du Roi présidait à toutes les haines comme à toutes les affections, à cette étrange époque.
Cependant les hommes à pied avaient réussi à placer les deux carrosses à travers du quai, de manière à s’en faire un rempart contre les chevaux de Chavigny, et de là, entre les roues, par les portières et sous les ressorts, les accablaient de coups de pistolet et en avaient démonté plusieurs. Le tumulte était affreux, lorsque les portes du Louvre s’ouvrirent tout à coup, et deux escadrons des Gardes du corps sortirent au trot ; la plupart avaient des torches à la main pour éclairer ceux qu’ils allaient attaquer et eux-mêmes. La scène changea. À mesure que les gardes arrivaient à l’un des hommes à pied, on voyait cet homme s’arrêter, ôter son chapeau, se faire reconnaître et se nommer, et le garde se retirait, quelquefois en saluant, d’autres fois en lui serrant la main. Ce secours
- ↑ Dans le long siège de cette ville on donna ce nom à M. de Richelieu pour tourner en ridicule son obstination à commander comme général en chef et s’attribuer le mérite de la prise de la Rochelle.