quand le dernier fut parti, et, sans parler, tous deux ouvrirent ou plutôt arrachèrent les paquets des dépêches, et se dirent, en deux mots, le sujet des lettres.
— Le duc de Weimar poursuit ses avantages ; le duc Charles est battu ; l’esprit de notre général est assez bon ; voici de bons propos qu’il a tenus à dîner. Je suis content.
— Monseigneur, le vicomte de Turenne a repris les places de Lorraine ; voici ses conversations particulières…
— Ah ! passez, passez cela ; elles ne peuvent pas être dangereuses. Ce sera toujours un bon et honnête homme, ne se mêlant point de politique ; pourvu qu’on lui donne une petite armée à disposer comme une partie d’échecs, n’importe contre qui, il est content ; nous serons toujours bons amis.
— Voici le long Parlement qui dure encore en Angleterre. Les Communes poursuivent leur projet : voici des massacres en Irlande… Le comte de Strafford est condamné à mort.
— À mort ! quelle horreur !
— Je lis : « Sa Majesté Charles 1er n’a pas eu le courage de signer l’arrêt, mais il a désigné quatre commissaires… »
— Roi faible, je t’abandonne. Tu n’auras plus notre argent. Tombe, puisque tu es ingrat !… Ô malheureux Wentworth !
Et une larme parut aux yeux de Richelieu ; ce même homme qui venait de jouer avec la vie de tant d’autres pleura un ministre abandonné de son prince. Le rapport de cette situation à la sienne l’avait frappé, et c’était lui-même qu’il pleurait dans cet étranger. Il cessa de lire à haute voix les dépêches qu’il ouvrait, et son confident l’imita. Il parcourut avec une scrupuleuse attention tous les rapports détaillés des actions les plus minutieuses et