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où I’on me laisse seul pour que je puisse en voir à loisir la décoration tout-à-fait seigneuriale. Cette pièce est parquetée, haute et grande, des armoires surmontées de peintures occupent le côté opposé à celui des fenêtres, le plafond est formé de caissons égaux où brillent des blasons variés et riches ; — décoration qui rappelle la salle des Croisades au musée de Versailles. — Ce sont, j’imagine, ceux des familles qui ont formé des alliances avec la maison de Wufflens. Ces couleurs vives, ces métaux éclatants, tous ces emblèmes héraldiques donnent à la salle un aspect princier ; j’en suis comme ébloui : de bons vieux fauteuils à ramages la meublent. Le soleil projette une lumière ardente par les fenêtres, il fait étinceler dans des flacons de cristal placés sur un bahut délicatement sculpté un vin d’or ; quelques abricots veloutés et joufflus sont éparpillés à l’entour.

Sur ces entrefaites, une voiture légère est entrée dans la cour, j’ai entendu une voix de basse bien timbrée parler aux gens du château, et bientôt M. de S....... a paru dans la salle dont j’examinais curieusement les détails, — toujours chargé de mon havre-sac ; — il portait bourgeoisement quelques paquets de provisions de dessert et notamment un fromage qu’il déposa sur le bahut sans faire presque attention à moi, car son donjon lui procure de nombreux et souvent d’importuns visiteurs.

Les touristes de tout genre, depuis le paysagiste et le