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Morges. La route que je suis n’a qu’un défaut, — mais un bien grand en cette saison ! — Elle manque d’ombrage.

Je vois à droite, dans la campagne, Lonay sur une éminence d’un joli effet et Bussigny où I’on montre la villa de Mme de Montolieu, morte à Lausanne, il y a peu d’années, dans un âge avancé.

J’entends au loin une aigre fanfare de mineurs allemands, qu’accompagne le bruit cadencé des fléaux ; partout les batteurs en grange frappent les gerbes d’un bras vigoureux.




Préverenges, onze heures.

J’ai eu quelquefois l’occasion de remarquer dans la Suisse française un étroit et singulier esprit de jalousie contre la France. — Je me sers du mot esprit bien que la chose soit fort peu spirituelle.

Messieurs les professeurs helvétiens, qui font usage de notre langue, — Dieu sait comment, — et l’ornent, — même les meilleurs poètes et prosateurs, — d’un nombre infini de tournures parfaitement ostrogothes, n’aiment pas dire ou écrire le français, cela leur est désagréable, pénible, odieux, cela blesse leur amour-propre national, cela est de la dépendance, — littérairement parlant. —

Le français, la langue française, la langue des Français, fi donc !.....