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du style roman. À travers une clair-voie et sous des arbres j’aperçois le jardin du presbytère.

Le ciel et le lac sont gris, le temps un peu nébuleux, et je me sens porté à la mélancolie devant ces vénérables masures que j’essaie de dessiner pendant que le jeune Albert, qui a voulu m’accompagner, s’amuse à effaroucher avec mon bâton des grenouilles causant fort bruyamment et toutes à la fois au bord d’une flaque verdie de cette brillante poussière végétale qui se forme sur les eaux stagnantes.

Des fouilles faites sur le territoire de Saint-Sulpice ont amené la découverte de tombes antiques, d’ossements épars, d’urnes lacrymatoires et de squelettes chevaleresques ayant des armures pour linceuls ; car les nobles hommes du moyen-âge aimaient à être ensevelis chez les religieux, et ceux-ci accordaient très volontiers un dernier asile à ceux-là pour obtenir des donations de terres, d’argent et des fondations de messes. De tout temps les gens d’église ont été et seront rapaces, thésauriseurs, friands des biens temporels plus que des autres, et très habiles dans l’art d’exploiter les faiblesses de l’âme humaine, les terreurs, les angoisses, les désespoirs qui précèdent l’heure de la mort.

Une maison de paysan qui se trouve au milieu du village a fixé notre attention : sur sa façade, humble d’ailleurs, se voit un blason grossièrement peint à la