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un écriteau me l’apprend — la gentilhommière a été convertie en taverne, et les gens du peuple de Lausanne vont y danser le dimanche.




Le fils de mon hôte m’accompagne, il atteint cet âge où l’on monte en graine, où l’on se comporte à la fois en homme et en enfant, où les premières lueurs — encore ternes — de la réflexion, de l’entendement, luttent contre les ombres du commencement de la vie ; moment de transition, de transformation physique et morale. La raison entr’ouvre l’œil et le referme aussitôt, les notions premières se classent dans l’esprit, on a comme un vague pressentiment des choses, on s’essaie à causer, à observer, à juger, on ose dire parfois son avis sur ceci et sur cela, on se sert du peu que l’on a déjà appris, on fait timidement l’application de faibles connaissances théoriques, tout est encore incohérent, confus, superficiel, léger ; une demande puérile succède à une parole sensée, une remarque judicieuse précède une naïveté de marmot. L’enfance et l’adolescence sont aux prises ; après avoir écouté avec plaisir attentivement une conversation sérieuse et profitable, et même y avoir