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égal amour les fleurs de la poésie et celles de la nature ; sa maisonnette des champs porte le nom poétique de Florency.

De ce lieu on a divers points de vue adorables sur la ville, le Jura et le Léman. — L’habitation est sans aucune apparence mais de suffisante grandeur, un gros buisson de jasmin d’Espagne couvre la balustrade du perron, les hirondelles nichent dans la toiture qui abrite le propriétaire et le fermier ; à droite, un verger en pente bordé par un bois ; à gauche, un jardinet ; devant, une vigne aussi en pente ; — le raisin n’est pas assez mûr pour que nous lui rendions visite.




Quel temps à souhait ! chaud mais sans excès et d’une pureté parfaite ; mon esprit dégagé de toute préoccupation importune est limpide comme le ciel. D’agréables faneuses, qui ne sont point des paysannes, forment des meules de foin avec des fourches et des rateaux d’un bois bien blanc, un collégien en vacances poursuit les papillons dans le pré et les prend dans son réseau de gaze verte. Les herbes sèches remuées exhalent un délicieux parfum auquel vient se mêler la salubre senteur des étables ; les bourdons bourdonnent joyeusement ; les guêpes piquent les grappes de raisin qui commencent à se dorer ; les vrilles du pampre s’accrochent aux