Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/523

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porte fort peu, n’aurait aucun poids, et personne ne me la demande.

Passons.

On sait les affaires de Lucerne, la malheureuse campagne des Corps-Francs, la captivité et l’évasion de Steiger, la rançon fixée pour les prisonniers, la victoire des enfants de Loyola, l’assassinat de Leu et le supplice de Muller, qui est de fraîche date.

Ces événements, habilement exploités par les radicaux de la Suisse française qui depuis longtemps rongeaient leur frein, ont amené une brusque révolution ; l’ancien gouvernement vaudois, qui était assez bonhomme, — quoi qu’on puisse dire, — a été renversé : Mortuus et sepultus est.

Je n’ai pas à me mêler de tout cela, je n’ai rien à y voir ; d’ailleurs de quelle valeur serait mon approbation ou mon improbation ? Mais je dois constater ceci : le pays a pris depuis ces changements un aspect plus triste, les étrangers y viennent moins volontiers, — car on ne se rend pas en Suisse pour chercher des émeutes, — et les étrangers sont la fortune du pays ; les riches, les ristous ou aristocrates du canton, qui redoutent le communisme, la loi agraire, les vexations, vendent sans regret leurs domaines et s’expatrient avec leurs familles, — car ils ont peu de chances de ressaisir le pouvoir qu’ils ont laissé échapper.

Bref on trouve partout des arbres de liberté pavoisés,