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eurent l’inhumanité d’y obéir, à l’exception d’une charitable veuve qui, — malgré la défense expresse du conseil de la ville et au risque de voir sa maison rasée, — osa apporter de la nourriture aux voyageurs dans un pré où ils campaient.

À peu de temps de là un terrible incendie détruisit presque toute la ville, mais il épargna la demeure de la veuve, bien qu’elle fût située au beau milieu de celles que le feu consuma.

La croyance populaire vit dans cet événement une punition pour les Véveysans et une récompense pour la bonne veuve.

Il serait difficile, en vérité, d’y voir autre chose.


Vévey, qui compte quatre ou cinq mille habitants, doit une partie de sa réputation à l’Abbaye[1] ou Fête des Vignerons que I’on célèbre avec un merveilleux appareil à de très longs intervalles, qui coûte des sommes considérables à la société et attire vingt ou trente mille curieux étrangers dans ses murs ; à cette époque le plus mauvais grabat coûte un louis par nuit, les habitants offrent hospitalièrement les moindres coins et recoins de leurs demeures..... à beaux deniers comptants. C’est une con-

  1. Il paraît qu’autrefois les moines du Pays-de-Vaud menaient joyeuse vie ; le nom d’abbaye est resté à toutes les fêtes champêtres, bals, festins et réjouissances publiques de ce canton... On dit : je vais à l’abbaye de tel endroit, comme on dit chez nous je vais à la fête de Meudon ou de Sceaux.