Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trois lieues depuis Saint-Saphorin jusqu’à Villeneuve surpassent ce que j’ai vu jusqu’ici.

« C’est du côté de Rolle qu’on admire le lac de Genève ; pour moi je ne veux pas en décider, mais c’est à Vévey, à Chillon surtout, que je le trouve dans toute sa beauté. Que n’y a-t-il dans cet admirable bassin, à la vue de la dent de Jamant, de l’aiguille du Midi et des neiges du Vélan, là, devant les rochers de Meillerie, un sommet sortant des eaux, une île escarpée, bien ombragée, de difficile accès ; et dans cette île, deux maisons, trois au plus ! Je n’irais pas plus loin ! Pourquoi la nature ne contient-elle presque jamais ce que notre imagination compose pour nos besoins ? ne serait-ce point que les hommes nous réduisent à imaginer, à vouloir ce que la nature ne forme pas ordinairement ; et que, si elle se trouve l’avoir préparé quelque part, ils le détruisent bientôt. »




Il existe des gens qui vous disent que les bosquets de Julie n’ont jamais existé à Clarens...

Je veux bien le croire, mais où est le mal ?

Voilà pourtant les chicanes qu’on fait sérieusement aux romanciers... eh ! messieurs, la Nouvelle Héloïse n’est point un guide du voyageur, un ouvrage de géographie ; l’écrivain d’imagination doit avoir toute licence d’ar-