meurer maître du donjon de Cartigny. Bonnivard endosse la cuirasse et ne songe plus qu’à soutenir des assauts, à livrer des combats.
Il rassemble à grand’peine une garnison de..... six soldats sous le commandement d’un capitaine fribourgeois, bonhomme flegmatique et naïf, qui, revenant tout tranquillement un jour de la promenade, trouve le château pris par l’ennemi et ne peut y rentrer.
Enfin le prieur confie ses intérêts à un nommé Bichillard ou Bichelbach, honnête boucher de Berne, qui lui promet monts et merveilles, se met en marche avec ses douze compagnons pour reprendre Cartigny, et échoue risiblement.
Bonnivard se voit réduit à la besace ou à peu près, il n’a ni sou ni maille, il supplie la ville de prendre son prieuré et de lui accorder en échange une pension ; il l’obtient et elle suffit à peine à le nourrir lui et son page.
À cette époque, la réforme essayait de s’introduire dans Genève : Berne se montrait l’amie de ceux qui la voulaient, tandis que Fribourg menaçait de rompre l’alliance si l’on songeait à changer de religion.
Bonnivard, consulté sur ce qu’il convenait de faire, tint ce discours digne d’être rapporté :
« Il serait à désirer que le mal fût ôté du milieu de nous pourvu que le bien lui succédât. Vous brûlez de réformer notre Église, de quoi elle a bien besoin, tant