Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/465

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défense, puis prison féodale, et enfin aujourd’hui arsenal du canton de Vaud, — je veux te dire l’histoire du prieur qui languit six ans dans la crypte, et dont Byron a arrangé les aventures à sa guise, — ou, pour mieux dire, dont il a fait un roman de pure fantaisie. — Je veux te conter ce que je sais sur Bonnivard, ce que m’a appris la chronique qui traite des hommes et des choses du temps de la Réformation genevoise.


Avant la sécularisation des monastères ou, pour mieux dire, leur suppression, on voyait à Genève, près de la porte Saint-Antoine, une église ronde et un couvent sous le vocable de Saint-Victor. Dix moines de l’ordre de Cluny y faisaient leur résidence. L’église était une des paroisses de la ville et subsistait du revenu de terres situées aux environs.

Or ce couvent fut gouverné successivement par deux hommes de la même famille qui, en dépit de leur titre de gens d’église, chérirent Genève, les Genevois, et obtinrent un juste retour, — chose que l’on peut appeler merveilleuse ! — Tous les deux étaient Savoyards, originaires de Seyssel et issus des seigneurs de Lunes.

Jean-Amé de Bonnivard laissa le prieuré de Saint-Victor à son neveu François de Bonnivard dont j’ai à m’occuper.