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Ce manoir des eaux est aussi connu que digne de l’être, — quiconque ne l’a pas vu en a lu mille descriptions. — L’auteur illustre, le poète-roi, auquel je viens d’emprunter une nouvelle citation, l’a décrit d’une façon si heureuse, si saisissante, si neuve, que marcher sur ses brisées serait un acte d’outrecuidance, de folie, une entreprise ridicule autant qu’inutile ; il ne faut pas toucher à ce qui a été traité par un maître, surtout quand on n’est soi-même qu’un disciple.

Relis donc, ami, cette lettre trente-neuvième du Rhin intitulée Vévey, — Chillon, — Lausanne, chef-d’œuvre de style et de pensée, où un éblouissant coloris poétique s’allie à une profonde vérité de dessin et aux observations d’un penseur, d’un philosophe, d’un savant qui, laissant de côté les redites et les lieux communs, — cette éternelle pâture des esprits vulgaires, médiocres, — sait voir et montrer dans un thème souvent traité ce que personne n’a su remarquer avant lui.


Mais si je n’essaie pas une mille et unième description du donjon où Pierre de Savoie, dit le Petit-Charlemagne, — étrange surnom qui renferme une contradiction signalée par le grand poète, — où Pierre de Savoie tint sa petite cour et reçut souvent ses hauts feudataires du Pays-de-Vaud, si je n’ajoute rien à tout ce qu’on a publié sur Chillon, — demeure princière, château de