Le fleuve, qui partage à peu près également le val, forme la frontière de deux États confédérés qui ont l’un pour l’autre une sympathie fort médiocre : Vaud et Valais.
« Chose remarquable, — dit l’auteur du Rhin, — chacun des deux grands fleuves des Alpes, en quittant les montagnes, a la couleur de la mer où il va. Le Rhône, en débouchant du lac de Genève, est bleu comme la Méditerranée ; le Rhin, en sortant du lac de Constance, est vert comme l’Océan. »
Si j’osais ajouter quelque chose à ceci, je dirais que le Rhône et le Rhin sont frères par le nom et par la source comme la Saône et la Seine sont sœurs ; — les deux frères se séparent dès leur naissance, l’un tirant vers le midi, l’autre vers le nord, les deux sœurs font de même.
J’ai commencé et je continuerai à citer les ingénieuses et originales remarques de Victor Hugo sur ces contrées, en regrettant toutefois qu’il les ait ajoutées à son Rhin ; elles auraient été mieux placées dans le Rhône, — beau sujet de livre pour une plume érudite et poétique tout à la fois, et qui ne sera peut-être jamais traité.
Le Rhône !... c’est les Alpes, le Valais aux mâles beautés, le Léman splendide, Lausanne, Genève, le Bugey montueux, Lyon, Vienne, Valence, Arles, Tarascon, — cités romaines, — la Camargue, — delta du Nil français.