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Meillerie est une petite colonie de chaufourniers et de mineurs, — rien de plus.




Une faible distance me sépare de l’extrémité du Léman, je suis le territoire de la Confédération, dans le canton du Valais, à Saint-Gingolph.

Ce bourg limitrophe, partagé en deux parties inégales par le torrent de la Morge qui coule à grand vacarme dans un lit rocheux, est à la base des croupes gigantesques du Mont-Blanchard, de celui des Cornettes, et sous les pics de la Dent d’Oche.

Prodigieux entassement de montagnes qui, de leurs masses abruptes, sauvages, anguleuses, écrasent la pensée !... Au sommet d’un rideau sombre de forêts de hêtres et d’aliziers, s’élève une couronne de pics déchirés, perdus dans les nuages ; une gorge affreusement belle en descend avec la Morge qui, avant de s’engloutir dans le lac, fait mouvoir les artifices d’une papeterie, d’un martinet et de quelques usines.

La sourde rumeur des forges, les épaisses vapeurs mêlées d’étincelles, le noir accoutrement des ouvriers contrastent avec la douce sérénité des eaux, et s’harmonisent avec les renfrognées et sévères perspectives de la montagne.

Tout ce qui se trouve sur la rive gauche du torrent