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Oué, monsu, a répliqué la jeune fille. — Oui, monsieur.

Aussitôt elle a jeté un fagot dans l’âtre de la vaste cheminée, et a pendu à la crémaillère une marmite aussi large qu’un tonneau ; ce culinaire récipient était rempli d’eau et de châtaignes.

Les châtaignes bouillies, — ou brisolons, pour employer le terme local, — sont l’ordinaire mets de ces campagnards.

Nous avons arrosé ce frugal repas d’un petit vin blanc des plus anodins.

De la ferme, une large avenue de châtaigniers énormes aboutit à une blanche maisonnette, toute neuve et toute simple, que le père de Marie a fait construire et qu’il loue en totalité ou en partie aux étrangers qui viennent passer l’été dans ce pays et n’aiment pas le séjour d’un bourg ou d’un hôtel.

L’année dernière Diday, le peintre genevois, l’habita une grande partie de la belle saison avec quelques élèves : ces messieurs mangeaient chez le métayer, et aux heures des repas celui-ci embouchait une trompe aux sons rauques, — de celles qui servent, dans la montagne, à réunir les troupeaux épars. — À cet appel pastoral on quittait la brosse pour la fourchette, on allait se mettre à table, et Marie montrait ses talents de ménagère, ainsi que ses beaux bras potelés presque