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à moitié comblés, la grande porte d’entrée, l’antique jardin, les charmilles que le ciseau n’aligne plus, rappellent des propriétaires d’une classe plus relevée et d’anciens souvenirs.

« Ici la nature est laissée à elle-même et la végétation se développe sans contrainte ; les haies ne sont pas taillées, les vignes déploient au loin leurs guirlandes et les arbres étalent leurs rameaux. Des clôtures placées plutôt pour indiquer la propriété que pour arrêter le promeneur le laissent sans peine passer d’un bois dans un autre, d’un champ dans une prairie et s’égarer au gré de ses pensées. Tout sous ces feuillées est tranquille, tout y inspire le calme et la paix, le silence qui y règne contraste avec le mouvement des bords du lac, le jour doux et voilé avec la brillante réverbération des eaux. Le laboureur cultive son champ sans bruit ; un bûcheron isolé abat un arbre au milieu des bois, les seuls coups de la hache révèlent sa présence, rien n’annonce l’approche de ces petits villages dispersés sur la pente qui se présentent tout-à-coup aux regards ; les maisons des paysans sont comme enfouies au milieu des arbres fruitiers qui les entourent, et des pois à fleurs, qui du jardin s’élèvent sur le toit, viennent protéger le rucher placé du côté du levant

« Ces collines produisent beaucoup de fruits, la distillation des cerises occupe les habitants pendant l’été, la