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Je retournerai à Amphyon un soir, au soleil couchant, non pour avaler de l’eau de soufre, mais pour entendre siffler les piverts dans les châtaigniers touffus de la montagne.

Tu n’as pas dû oublier entièrement la mythologie, cher Émile, je n’ai donc pas besoin de te rappeler qu’Amphyon, fils de Jupiter et d’Antiope, disciple de Mercure, était un fameux joueur de lyre qui, pour bâtir les murs de Thèbes, n’eut besoin que d’exécuter quelques mélopées, — fable imaginée dans le but de montrer qu’elle est l’influence heureuse des arts, de la musique, de la poésie, sur des hommes même sauvages, vivant de la vie primitive. Il se pourrait que ce divin musicien fût venu sur les bords du Léman, à la suite du Troyen Lémanus, fils de Priara, dont parle la Chronique du Pays-de-Vaud, et que leurs noms se soient conservés jusqu’à nos jours.

Ne va pas prendre cela au sérieux.

Le besoin d’un nouvel Amphyon se fait vivement sentir dans ces parages.

On trouve sur l’autre bord, près du château de Chillon, dont je te parlerai bientôt, un ruisseau dont le nom est aussi mythologique et grec : le Céphyse, qui, sorti du pic de Jaman, forme dans sa course vers le lac plusieurs petites cascades d’argent.

Il y a de l’eau, — s’il m’est permis de m’exprimer