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— Qu’y a-t-il ?

— Eh ! vite... des sels, du vinaigre, dit le jeune homme.

— Qu’en voulez-vous faire ?

— Belle demande !... ne le voyez-vous pas ? Madame se meurt, madame est morte...

La pâmoison ne fut pas de longue durée ; l’intéressante beauté ouvrit languissamment les paupières, et s’adressant au jeune homme qui lui tenait sous les narines un flacon d’éther :

— Quoi ! s’écria-t-elle avec un courroux facile à comprendre, vous pouvez soutenir mes regards ! attendez-vous donc que je vous enjoigne de sortir d’ici et de n’y plus reparaître ?

— Fallait-il, madame, vous laisser évanouie ? Mes intentions sont de tout point louables... Qu’avez-vous à me reprocher ?

— Il ose le demander !... quel excès d’impudeur, quelle rare effronterie !

— Il me paraît que vous me jugez bien défavorablement et que.....

— Je vous juge d’après votre conduite immorale ; vous avez choisi pour vous introduire chez moi le moment où mon mari prend un bain... fi ! l’horreur !

— Ma faute, respectable madame, n’a pas l’énormité que vous vous plaisez à lui supposer, daignez seule-