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nevas, cher ami, un rôle tout-à-fait convenable à son emploi de grande coquette.

Tu vas en juger :

Une chambre d’auberge meublée comme il te plaira, — il est environ dix heures du matin, — la comtesse s’habille (première toilette) pendant que le comte se plonge dans la piscine des bains et aspire les émanations combinées de plusieurs gaz fétides. — Notre baigneuse a envoyé je ne sais où sa femme de chambre et l’attend pour se faire enduire les cheveux de pommade mélaïnocome, laquelle ne se vend que vingt francs le pot. — Elle est seule. — Tout-à-coup un jeune homme bien mis et bien tourné entre sans frapper, — honte et frayeur de la comtesse surprise en chemise ou à peu près, elle se réfugie dans un cabinet mais oublie de s’y enfermer au verrou, — l’audacieux jeune homme la suit, se jette fort théâtralement à ses genoux et..... horresco referens !... lui saisit les pieds... — Évanouissement obligé de la comtesse, un divan se trouve là fort à propos, elle s’y laisse choir ; — alors le jeune homme, en lovelace novice, porte la main au cordon d’une sonnette et se met à carillonner de toute la force de son poignet, Ce tintamarre fait accourir les chambrières de la maison.

— On y va !...

— Qu’est-ce donc ?