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grand homme furent restitués au duc Emmanuel-Philibert, — d’autres disent à Charles-Emmanuel, — et ayant été transportés à Turin, occupèrent une place d’honneur dans la cathédrale.

Depuis lors, ils ont dû être inhumés définitivement dans la chapelle de la royale abbaye d’Hautecombe, au bord du lac de Bourget, nécropole royale, Saint-Denis des rois de Sardaigne, où l’on a réuni avec soin tout ce qui a pu être retrouvé des anciens comtes et ducs de Savoie, race chevaleresque, valeureuse et religieuse, qui a brillé d’un vif éclat en Grèce, aux Croisades, sur les champs de bataille de l’Occident, et compte les plus illustres alliances.

Amédée VIII a laissé une réputation que tous les rois devraient envier, montra un rare assemblage de qualités, de vertus et de talents : généreux, équitable, plein d’aménité et de douceur, sage, habile, prudent, adroit, ami de la bonne administration, accessible aux petits comme aux grands, très enclin à la bienfaisance, profondément pieux, il fut adoré de ses peuples ; cependant on peut lui reprocher une tortueuse ambition, l’usurpation du fief d’un de ses parents, et trop d’acharnement contre les sectes opposées au catholicisme.

Le soleil de la maison royale de Savoie a ses taches. Pendant vingt-cinq ans qu’il fut comte et trente-trois environ qu’il porta le titre de duc, ce prince eut le loisir