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d’Eugène IV, délie tous les catholiques de leurs serments d’obéissance, et le déclare parjure, simoniaque, schismatique, perturbateur de la chrétienté.

Le pape furieux les traite alors de bêtes féroces, de fous et d’enragés.

Édifiant échange d’invectives !

Bref, le concile de Bâle ayant proclamé la chaire de Saint-Pierre vacante réunit des officiers du conclave et l’on procéda à une nouvelle élection (1439). Un beau jour. Æneas Sylvius Piccolomini, — qui, plus tard, devint pape et fut Pie II, — et le cardinal d’Arles arrivent à l’improviste chez les chevaliers-ermites et annoncent au duc que les suffrages de la majorité des prélats de Bâle s’étant portés sur lui il est pape. — Amédée se montre étonné, troublé, effrayé. — Aucuns disent que c’était pure comédie, qu’il avait tout préparé hypocritement et habitait le Chablais pour se trouver près de Bâle et entretenir plus facilement des intelligences avec les dissidents. — Quoi qu’il en soit il résiste, verse des larmes ; on le presse, on le conjure d’accepter en lui représentant que son refus serait fatal à l’Église ; il se laisse enfin persuader, il cède ; aussitôt les envoyés le dépouillent de son habit d’ermite, le revêtent d’une robe blanche et des insignes pontificaux, puis se prosternent à ses pieds[1]. Dès ce moment il prit le nom de Félix V.

  1. Son élection ne s’était pas faite sans oppositions, il n’avait obtenu que 16 suffrages