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ermitage somptueux du Léman, l’Église, dont il s’était montré en maintes occasions le fils soumis et le champion vigilant, se voyait en proie à une crise terrible ; de graves conflits de pouvoirs, de scandaleux démêlés avaient lieu. Il semble que pour préparer, pour annoncer la Réformation, Dieu ait voulu donner au monde le spectacle des désordres et des emportements que l’ambition de la tiare devait susciter.

Voilà ce qui passait :

Deux autorités, ennemies déclarées, se disputaient la suprématie avec un furieux acharnement : l’une avait son siége à Rome, l’autre avait le sien à Bâle ; la première était celle du pape Eugène IV, la seconde celle d’un concile qui voulait que le souverain-pontife se soumît aux décisions des évêques réunis en synodes, et déférât à leurs avis ; le Saint-Père, jaloux de son pouvoir, avait résisté énergiquement et protesté de toutes ses forces contre les actes des prélats bâlois qui arboraient l’étendard de la révolte ; il avait ouvert à Ferrare un concile composé d’évêques à sa dévotion ; — de là, lutte incessante, guerre ouverte, schisme en un mot... Ce fut un assaut d’anathèmes, de malédictions, de vociférations, de contradictions, de grosses injures immondes.

Tant de fiel entre-t-il dans l’âme des dévôts !

Le pape casse et annule tout ce qui émane de l’assemblée de Bâle, laquelle, par contre, prononce la déposition