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prétendu par erreur, — il le fit mettre à genoux, lui donna l’accolade en lui ceignant l’épée, lui attacha au cou l’ordre du collier de Savoie ou de l’Annonciade, le créa prince de Piémont et l’investit de la lieutenance-générale du duché. Ensuite il conféra à son autre fils le titre de Comte de Genevois. Enfin il exhorta pathétiquement les deux frères à vivre dans l’union, dans la concorde, à s’entr’aimer, à se concilier l’affection de leurs parents et de leurs peuples, à tenir la parole jurée et à rendre la justice avec une intégrité parfaite. Ses particulières recommandations au prince Louis furent de se montrer en toutes circonstances le soutien et le défenseur zélé de l’Église et de la foi. Il déclara, en outre, que sa volonté était que non-seulement son fils, mais encore ses petits-fils et descendants prissent pour conseillers intimes, secrets, dans les affaires d’État, le doyen et les chevaliers-ermites de l’ordre séculier de Saint-Maurice, qu’il instituait à Ripaille dès ce moment.

À ce discours succéda la lecture des patentes de la lieutenance, et la bénédiction paternelle donnée aux princes ; après quoi chacun se sépara fort impressionné, car Amédée était en possession de l’amour de ses sujets et de la vénération universelle.

Le lendemain de cette solennité, le duc endossa l’habit d’ermite de Saint-Maurice avec six nobles hommes, ses compagnons, ses confidents, ses amis, qui, prévenus d’a-